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Prendre soin, selon les Équipes Notre Dame

Du 11 au 13 novembre à Lourdes s’est tenu le rassemblement national des équipes Notre-Dame pour les couples en responsabilité au sein du mouvement et leurs conseillers spirituels, de France, Luxembourg et Suisse.

2600 participants dont 135 prêtres, nous étions 50 personnes de l’Aisne avec les abbés Saur, Da Silva et Guéna. Ce rassemblement était l’occasion de représenter nos équipes, vivre la dimension du mouvement, nourrir notre foi et faire Église. C’était aussi un pèlerinage faisant une place particulière aux équipiers malades ou en situation de handicap.

Partis pour certains très tôt le matin du 11 novembre – car depuis Soissons puis train de Paris à Lourdes -, chaleureusement accueillis par son recteur Mgr Olivier Ribadeau-Dumas et les Bernard, responsables du mouvement en France, nous étions vite pris dans un enchaînement de célébrations, enseignements et partages de très grande qualité, sur le thème décliné au fil des journées du Prendre soin : des autres, de soi et de son couple, de la création, en regard du Triduum Pascal et bien sûr, de la Vierge Marie et Bernadette. Une méditation quotidienne était aussi proposée sur plusieurs versets du Magnificat ainsi que des temps de silence dont l’intensité et le respect ont frappé.

Prendre soin des autres – le Jeudi saint : le père Louis de Raynal, conseiller spirituel du mouvement en France, a d’emblée annoncé la couleur dans son homélie : « Lourdes va nous bousculer, comme une traversée en mer… avec ses risques, ses rêves et son infini… Acceptons le risque d’aimer ! Osons le rêve d’une pêche miraculeuse, le rêve d’une vie sainte !… Osons l’infini de la charité, en reconnaissant le petit, celui qui souffre, cet infini si proche de nous… Laissons jaillir la grâce de l’Esprit Saint pour nous laisser transformés. Acceptons ce chemin de la confiance et de l’humilité… Embarquons sur la « Stella Maris », étoile de la mer ».

Outre les témoignages d’un couple dont l’un est malade, du frère d’un jeune homme porteur de handicap et de Don Quenardel -abbé émérite de Cîteaux- sur le lavement des pieds signifiant que nous devons être tous servis et serviteurs, le diacre Gilles Rebêche a introduit la figure du Christ serviteur, nous invitant à « ne pas considérer les personnes comme des objets de charité mais comme des sujets de la Foi » et à suivre Marie, « qui nous guide pour revêtir cette tenue de service » en nous éduquant à « un regard d’amour, ce même regard qu’elle a porté sur Bernadette ». Le soir, nous avons été gâtés par de très beaux extraits du spectacle Bernadette dont les chansons ont été écrites par Grégoire.

Le lendemain matin, Prendre soin de son couple -Vendredi Saint : Un couple ayant surmonté une grave crise a décrit le parcours Retrouvaille, pédagogie pour nourrir la relation, pardonner et renouer durablement l’un avec l’autre. Puis Emmanuelle Riblier -conseillère conjugale et psychologue- a parlé du pardon qui libère : « Ne laissons pas le soleil se coucher sur notre colère !… La rancune est comme la cire qui durcit : c’est ma responsabilité de dire à l’autre ce qui m’a blessé… Je demande le pardon, ou je fais comprendre à mon conjoint que j’ai besoin qu’il/elle nous demande pardon… Le pardon n’est pas un dû, c’est un choix, une décision pour restaurer la relation… C’est un matériau d’éternité pour notre couple ». Á l’Eucharistie présidée par Mgr Stanislas Lalanne-évêque de Créteil- était associé le sacrement des malades pour quelques 300 personnes, dans une émouvante et simple discrétion. Mgr Lalanne confie dans son homélie : « Ce qui m’étonne le plus chez Dieu, c’est qu’il fait de l’extraordinaire dans nos vies ordinaires, il se rend visible dans la vie d’un homme et d’une femme qui se donnent l’un à l’autre… Le mariage est un signe d’espérance pour ce monde chahuté, il nous donne à voir l’Amour de Dieu pour son peuple, comment Il prend soin de nous… Aux noces de Cana, Jésus approuve et sanctifie le mariage… « Faites tout ce qu’il vous dira » nous dit Marie encore aujourd’hui, la première à l’avoir mis en pratique ; nous sommes invités à notre tour à un bouleversement personnel. »

L’après-midi, Prendre soin de soi-Samedi Saint : La 70ème miraculée de Lourdes, Sœur Bernadette est venue témoigner avec son médecin personnel ; et le Dr de Franciscis qui préside le bureau des constatations médicales de Lourdes a expliqué l’enquête médicale nécessaire pour que l’Église reconnaisse un miracle. Reprenant les mots de la petite Bernadette, « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire. », la Sœur insiste sur l’importance « d’accepter la présence de Dieu dans sa vie, … de partager les merveilles que Dieu réalise dans nos vies ». Mgr Lalanne souligne « combien un témoignage, une rencontre, une parole donnée, permettent des conversions, qui sont aussi des miracles » … « Dieu a voulu nous donner par Marie, que la vie vaut plus que tout, même défigurée, diminuée, elle est appelée à être féconde. » Philippe de Lachapelle, directeur de l’OCH, a fait ensuite l’éloge de la vulnérabilité : Comme Adam et Eve qui sont découverts nus, « nous avons honte de notre vulnérabilité. Dieu, lui, ne s’y arrête pas mais voit la personne… Pour aller à la rencontre des plus pauvres, des plus vulnérables, Notre Dame est à prendre comme modèle dans sa façon dont elle s’est adressée à Bernadette, elle l’a relevée… Notre mission de couple c’est de témoigner de la beauté du mariage, non pas comme des héros mais comme l’union de deux pauvres ». Dans la nuit, nous avons participé à une interminable procession aux flambeaux qui nous a conduit à la grotte pour prier pour les victimes des abus sexuels et pour l’Église ; l’adoration du Saint Sacrement était ensuite proposée.

Le dernier jour, Prendre soin de la création -Pâques : Mgr de Moulins-Beaufort a commencé l’intervention qui lui était demandée sur Laudato Si en nous demandant pardon pour l’opprobre portée sur notre nom de catholique et la perte de confiance en l’Église. Nous voulons être l’Église et non une institution. Le rapport Sauvé a dévoilé l’ampleur et la gravité d’un phénomène systémique issu de notre institution et source d’inimaginables souffrances. Á l’opposé du message du Christ, a été révélée une attitude de prédation, où l’on chosifie les personnes…

« Osez prendre soin, c’est oser se rendre compte que nous pouvons avoir un comportement de prédation sur notre environnement, dans nos métiers, nos modes de consommation… Il ne s’agit pas de freiner la créativité humaine, mais de viser d’autres potentialités dans l’exploitation de la nature que de simplement puiser pour nos besoins. Par l’encyclique Laudato Si’, nous sommes invités à changer de paradigme.

Nous avons à réapprendre la capacité à accueillir tout ce que la nature nous montre, et ce qu’elle a à nous faire comprendre. Nos ancêtres ont trouvé dans la nature, un regard, un cœur, un esprit. Mais la nouveauté de notre siècle, c’est d’unir la question environnementale à la pauvreté notamment puisque ce sont les pauvres qui sont les premiers touchés… Nous sommes invités à prendre soin de notre maison commune, de soi, de l’autre, par un accueil réciproque… La famille est le lieu par excellence de l’apprentissage du prendre soin ; c’est une communion de personnes où l’on se reconnait en relation, on peut s’aider mutuellement à grandir, changer nos habitudes notamment de prédation ; c’est aussi le lieu de l’émerveillement sur l’univers qui nous entoure, que l’on reconnaît comme un Don du Créateur pour tous, que l’on doit partager… La nourriture est le médiateur de la relation, car s’il s’agit de se nourrir, cela construit et renforce la communion. Cette communion est célébrée dans chaque eucharistie, avec le pain et le vin façonnés grâce au travail d’une chaîne de personnes, Dieu veut faire rentrer dans sa vie éternelle l’intégralité du monde dans lequel nous vivons. Ainsi nous pouvons être acteurs de ce nouveau paradigme du prendre soin, des autres, de soi, de notre environnement et ainsi de notre Créateur ».

Tous les équipiers et conseillers spirituels ont renouvelé leur consécration à Marie. Auparavant, lors de l’Eucharistie de clôture, Mgr de Moulins-Beaufort a repris la phrase de Sainte Bernadette « Je n’oublierai personne » ; au pied de la croix, Jésus confie chaque être humain à sa mère, son don et celui de celle-ci vers Jean sanctifient le mariage… Il s’est réjoui que « Vous, équipiers Notre-Dame, vous ne vous contentez pas de bien vivre l’institution matrimoniale, en fortifiant vos vertus pour tenir dans ses exigences, vous vous entraidez à remonter à la Source, au don que Jésus fait de lui-même… Les époux s’engagent à prendre soin l’un de l’autre… pour que l’autre puisse grandir, se déployer, devenir davantage lui-même ou elle-même… Et ensemble, prendre soin des enfants pour qu’ils deviennent des hommes et des femmes libres, capables de se saisir eux-mêmes et de se donner… De plus en plus il nous est possible de comprendre les familles comme un lieu de croissance dans la communication… Vivre dans l’amour du prochain est l’espérance chrétienne d’aujourd’hui. »

Ce fut ensuite l’heure des remerciements pour 18 mois de préparation et des aurevoirs, chacun repartant chez lui, heureux, en paix, dans l’action de grâce pour un tel temps fort, dynamisé pour retrouver quotidien et équipe de base. Magnificat !

Sophie Loiseaux, équipe Laon 2