Je donne à l'Eglise
Trouver ma paroisse
Horaires des messes
Faire dire une messe

Le respect du questionnement intérieur

Communiqué de Mgr Renauld de Dinechin

évêque de Soissons, Laon et Saint-Quentin

Soissons, le 18 janvier 2022

Le respect du questionnement intérieur

 

L’école catholique sous contrat avec l’État accomplit une mission de service public. Elle accueille 12 000 élèves dans l’Aisne et plus de 2 000 000 en France. L’instruction qu’elle dispense et les valeurs humaines qu’elle promeut sont dispensées sans distinction de religion ni de sexe. Mais précisément sa vocation chrétienne lui permet d’apporter un supplément d’âme.

L’école catholique accueille chacun comme il est. Elle le respecte tel qu’il est et l’accompagne au cours de sa scolarité. L’école sous contrat avec l’État reçoit des directives qu’elle est tenue d’observer. Or la loi Debré, précisément celle qui définit le contrat avec l’État, affirme le «caractère propre» de l’école catholique, c’est-à-dire sa spécificité chrétienne. En l’occurrence, elle a sa fondation dans le Christ Jésus et la mission qu’il a confiée à son Église. Tous nos établissements de l’Aisne se reconnaissent dans la même devise : «En Jésus-Christ, enseigner, éduquer et former ensemble des femmes et des hommes debout». L’école catholique n’est donc pas soumise à la neutralité. Elle a une mission de transmission des valeurs chrétiennes. En conséquence, sans chercher à les imposer aux élèves, les croyances de la foi catholique sont légitimement exprimées, tant par l’enseignant que par le laïc ou le prêtre en mission pastorale.

Un débat a eu lieu ces derniers jours au lycée catholique Saint-Rémy à Soissons autour d’un exercice touchant l’identité sexuelle. Chaque élève et chaque enseignant est accueilli avec son identité sexuelle propre. Cela appelle une culture du respect. Cela n’autorise pas la promotion des minorités sexuelles. Non, la promotion des pratiques LGBT n’est pas entrée dans l’école catholique. Parce qu’il est sensible, un tel sujet de société devra être abordé dans la perspective du projet d’établissement auquel est soumis tout enseignant. La promotion de théories contraires à l’anthropologie chrétienne peut être mise en discussion, mais non pas promue. En revanche, l’école a mission de promouvoir la complémentarité entre la masculinité et la féminité, réalité que nos modes de vie contemporains interrogent.

Au diapason de la société, les questions de genre se posent au sein de l’école. Un élève amené à une remise en question de son orientation sexuelle sera accompagné à la lumière de l’anthropologie chrétienne. Le questionnement intérieur peut exister. L’adolescence est une étape de croissance où le questionnement intime peut se manifester avec une acuité particulière, amenant un adolescent à une hésitation sur son identité sexuelle. Dans le cadre de l’enseignement catholique, la responsabilité des adultes vis à vis du jeune concerné consiste à l’accueillir et l’accompagner (en lien avec ses parents) en interrogeant ses questionnements et en le faisant à la lumière d’une anthropologie éclairée par l’Évangile et la foi catholique.

Sur des sujets sensibles, il est facile de critiquer. En complémentarité avec l’école publique, l’école catholique accomplit un travail de qualité. Je salue l’engagement des enseignants et des catéchistes qui de manière infatigable, s’investissent auprès de la jeune génération. Nombre d’entre eux sont habités par leur métier comme par une mission. Ils sont porteurs d’une ambition pour la croissance de leurs élèves et doivent composer quotidiennement avec des contraintes, accentuées en période de Covid.

Sur ces questions, le chrétien cherche à apporter un accompagnement humain et spirituel à la personne habitée par une hésitation sur son identité sexuelle comme sur d’autres questions existentielles ou sociales. Le savoir-faire des sciences humaines est une ressource nécessaire à un accompagnement compétent. Mais il y a ce supplément d’âme qui ouvre le croyant à son identité éternelle. Quand Dieu affirme au croyant : «avant que tu ne sois conçu dans le sein maternel, je t’ai connu» (Jérémie 1, 5), il affirme qu’aucun de nous n’est réductible à son identité biologique (ni à son orientation sexuelle), même si celle-ci ne peut être niée.

L’école catholique a pour vocation d’exprimer à chaque élève son identité spirituelle. Elle l’exprime ; elle ne l’impose pas. Chaque élève est libre ; je veux dire, chaque élève est porteur d’une liberté qui mérite d’être éclairée et assumée. Il est donc respecté dans sa liberté d’accueillir et d’adhérer, de questionner et de dialoguer, de contester aussi. L’école catholique souhaite éveiller chaque élève au questionnement non seulement sur sa destinée sociale, mais aussi sur sa destinée ultime. Avec une rare intensité, notre époque est en quête de sens. L’école catholique veut servir aussi ce rendez-vous. Ne manquons pas ce rendez-vous !

Nos enfants et nos jeunes portent en eux des capacités extraordinaires de don, d’amour et de solidarité. Ils sont habités d’un élan créateur que nous cherchons à éveiller. Dans la tâche immense et délicate pour les déployer, l’école catholique veut être présente, avec des références claires, dans le respect, la prudence et la conscience de ses responsabilités. À chacun, nous permettons de révéler le meilleur de lui-même.

 

 

 

 

Télécharger le communiqué en PDF