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Le diocèse de Soissons sur les pas du père Joseph WRESINSKI

À l’initiative du conseil de la solidarité regroupant différents mouvements au service du frère (« la diaconie ») nous étions le 11 mars, au petit matin devant nos deux bus, une centaine de pélerins avides de découvrir les lieux où a vécu le père WRESINSKI, accompagnés de notre évêque et de quelques prêtres.

Dans la pensée du père WRESINSKI « les pauvres sont l’Église », plus d’un tiers des participants en situation d’exclusion ou de pauvreté participaient à cette démarche. Beaucoup étaient invités par différents groupes du diocèse où se vit l’accueil communautaire de l’exclu (Secours catholique, Conférence Saint-Vincent de Paul du diocèse, « SOLIDEJ » ou café Théo à Saint-Quentin, « Lundis Fraternels » à Tergnier, « Vivement dimanche » à la Résurrection à Soissons, …).

Dès la montée dans les bus, la prière des laudes et différentes animations ont permis à chacun de prier ensemble, de découvrir son voisin, d’échanger et de commencer à vivre une belle journée de fraternité.

Alternativement le matin et l’après-midi, chacun des deux bus s’est rendu soit à Baillet-en-France, soit à Méry-sur-Oise pour découvrir deux lieux emblématiques de la vie du père WRESINSKI et du mouvement ATD qu’il a fondé (Aide à Toute Détresse devenu Agir Tous pour la Dignité).

Nous étions accueillis et attendus avec un café et quelques biscuits, puis guidés par les volontaires du mouvement dont certains venant de la grande misère commençait la visite des lieux en petit groupe. Ces différents guides étaient à notre écoute, pour nous faire découvrir le père WRESINSKI mais aussi nous montrer comment son œuvre se poursuit aujourd’hui aux quatre coins du monde.

Inversement ceux qui nous ont accueillis ont aussi été très marqués par notre groupe.

 

Méry-sur-Oise, Centre International d’ATD quart monde

Lieu de formation, d’animation, on y découvre l’histoire du mouvement grâce à une maquette du camp de Noisy-le-Grand, premier lieu où fut envoyé le Père WRESINSKI par l’évêque de Soissons en 1954. Ses valeurs et ses combats sont mis en valeur grâce aux différentes œuvres ou objets embellissant les lieux et la visite de son bureau fait découvrir son rayonnement international.

Le mur du courage nous a impressionnés également avec ses 497 carreaux réalisés par des personnes, riches ou pauvres, venues en visite du monde entier au Centre International. On peut y voir des inscriptions touchantes : « Osons la nouveauté », « Tous unis contre la misère », « La clé de la maison du père Joseph c’est l’amour éternel », « Père Joseph a rechoisi la misère », « Suivre le père Joseph c’est d’abord aimer », « Le père Joseph ne jugeait les autres et il n’avait aucune frontière, merci pour la bonté » …

A Méry-sur-Oise, se trouve la chapelle du père avec une fresque du bon samaritain et une salle annexe ouverte aux personnes de toutes croyances spirituelles. Elle surplombe sa tombe devant laquelle tous se sont recueillis. A l’extérieur, une roue du dharma bouddhiste riche en symbolisme a été offerte au Mouvement International en 2000. Au centre du jardin, des délégués du Mouvement ont planté en 1989 un arbre majestueux :  Le cèdre de toutes les terres. Au pied de ce cèdre chaque délégation a déposé la terre d’un lieu de souffrance et de misère mais aussi d’espoir et de courage. Des personnes continuent à venir déposer de la terre venant de quartiers de misère, de camps de réfugiés, de lieux abandonnés dans le monde…

 

Baillet-en-France, Centre de mémoire et de recherche Joseph WRESINSKI

Situé à Baillet-en-France, le Centre de mémoire et de recherche Joseph WRESINSKI porte aujourd’hui la volonté de collecter, classer, conserver et communiquer un véritable patrimoine d’écrits, photos, enregistrements sonores, films et créations artistiques autour de la pauvreté.  Ces archives, qui continuent de s’enrichir, constituent les sources d’une histoire du refus de la misère et des combats pour l’éliminer. Dès l’origine, Joseph WRESINSKI a voulu que tout soit noté et documenté, pour garder la trace des engagements et des combats des militants, volontaires et alliés qui s’engagent pour éradiquer la misère.

Ce centre permet aux chercheuses et chercheurs en histoire, sociologie, sciences politiques, philosophie, médecine, éducation… de construire une connaissance et une pensée à partir de ce qu’ont produit plus de soixante ans de combats et de travaux de recherche d’ATD Quart Monde.

Nous avons découvert salles d’exposition, photothèque, vidéothèque, « artothèque », « écrithèque », … en plus des archives du mouvement. Certains descendants de personnes ayant vécu en situation d’exclusion viennent y chercher leur origine, reconstituer leur histoire familiale.

Quelques mots des participants à la visite

  • C’était une belle journée de fraternité. Nous avons été très bien accueillis par les volontaires d’ATD Quart Monde. Nous avons mieux compris les origines de cette formidable solidarité mise en œuvre par ce prêtre qui a vécu dans son enfance la grande pauvreté. Au centre de recherche, nous avons pu écouter des exemples d’actions de ce mouvement.
  • A Méry-sur-Oise, mon groupe a été accueilli par un volontaire qui a une quarantaine d’années de volontariat. Les volontaires ont tous le même salaire qui est très modeste. Ils vivent en commun et partagent leurs revenus. Cela fait penser aux premiers chrétiens.
  • Cette journée à Baillet-en-France et Méry-sur-Oise a été merveilleuse ! Dans la simplicité les volontaires, nous ont partagé les multiples occasions qu’ils saisissent pour vivre à partir des plus exclus, par exemple cette peinture par Guendouz des immeubles juste avant leur démolition qui laisse passer l’émotion des personnes présentes, cette façon d’avancer au sein de la société, jusqu’au cœur des institutions.
  • Construire des choses ensemble comme la construction du mur du courage, échanger avec, par exemple le croisement des savoirs, toujours engager des actions ensemble, ATD c’est une famille aux nombreuses qualités… la bienveillance, l’accueil chaleureux…sans oublier l’attention et le soin pour les plus exclus.
  • Il y a l’avant et l’après, l’après c’est ATD, les gens qui étaient avec lui ont continué.
  • A Baillet sont mis en valeur toutes les manières de s’exprimer.

 

 Quelques mots des personnes qui nous ont accueillis…

  • Nous voulions vous dire combien nous avons été touchés par l’intérêt que vous avez manifesté et vos questions. Nous nous sommes d’emblée sentis proches de vous, proches aussi des réalités que vous vivez et de ce que vous cherchez à vivre ensemble. Nous espérons vous avoir fait toucher du doigt la part précieuse de ce que les plus pauvres nous apprennent.
  • L’une des participants nous a dit « Ce que vous dîtes ici, c’est comme ce qu’on a vécu, ça me bouleverse ». Et au moment du départ, elle ajoutait : « Je me rends compte que dans ce que j’ai vécu, il y a eu des choses vraiment injustes, on ne m’a pas toujours respectée. Il faudrait que je l’écrive ! » Par ces mots, elle résume toute la raison d’être du Centre de Mémoire et de Recherche. Nous gardons trace de l’histoire des plus pauvres, de la façon dont ils regardent le monde, pour que cette histoire et ce regard nous mettent en route, chacun, là où nous sommes, et collectivement.
  • J’ai été impressionné par le groupe du diocèse de Soissons. A un moment, je m’étais cru à nouveau à Rome (lors d’une rencontre internationale d’ATD avec le pape.). C’est une riche idée d’avoir entraîné tout ce groupe à faire connaissance avec les lieux emblématiques d’ATD et un certain nombre de volontaires. Comment transmettre cet exemple à d’autres diocèse ou paroisses ? 

 

 …Sur le père Joseph WRESINSKI

  • Quand j’ai vu ce qu’il a fait, et ce qu’il a vécu…, je le mettais à la première personne. Car ce qui m’a touché, c’est que sa vie d’enfant me faisait penser à la mienne : toujours critiqué, toujours rejeté !
  • Il y a eu quelque chose en plus, Le père WRESINSKI était présent à Méry-sur-Oise, il était à côté de nous. 
  • Le père, il était dans les bidonvilles, il avait un grand cœur. Il était violent et il s’est transformé, il s’est rattrapé : on peut avoir mal démarré et s’être rattrapé …
  • Sa confiance dans les pauvres, ce n’est pas gérer la misère … c’est refuser la misère. C’est une espérance de refuser la misère.
  • Sa maman n’avait pas d’argent, c’est Joseph qui a apporté l’argent à sa maman. Il va dans les bidonvilles. Il a bon cœur.
  • Il n’a pas eu une vie facile mais cela lui a été plus facile pour comprendre les pauvres de toutes les religions.
  • Il avait un amour inconditionnel, il était déterminé, à fond, avec amour.
    Sacré bonhomme, je l’ai connu à Dhuizel, il ouvrait sa porte, il aimait les gens, il a sacrifié sa vie pour les autres.
  • Il a eu un regard visionnaire sur la pauvreté et cela continue, c’est extraordinaire.
  • Il respectait la dignité des pauvres en allant quêter chez eux comme chez les riches. Il n’a pas fait des pauvres des assistés, il les a responsabilisés.

 

Notre-Dame de France

À midi, accueillis aussi chaleureusement par le père Roboam du diocèse de Pontoise l’ensemble des participants découvraient le beau sanctuaire Notre-Dame de France où nous avons célébré L’Eucharistie, partagé le piquenique. Pour préparer ce pèlerinage, des groupes de personnes exclues avaient médité sur la parabole du fils prodigue. Leurs paroles ont été reprises dans l’homélie de notre évêque, nous faisant comprendre comment cette parole du pauvre peut aussi nous nourrir et relever chacun.

Puis nous avons eu un long temps de témoignages, d’échanges et de découverte les uns et des autres.

Les témoignages de personnes exclus qui se relèvent et qui découvrent le Christ (Jean-Baptiste, Julien, Ange-Marie, Alain et Emmanuelle) nous ont tous émus, quelquefois aux larmes…

Ensuite le Père MARANI de Rome, postulateur de la cause de béatification du Père WRESINSKI et Jean TONGLET d’ATD nous ont fait découvrir sa personnalité, son message spirituel.
Ce long temps de rencontre fut un beau moment de partage dans la joie, la louange, la fraternité, l’accueil de chacun.

 

  • Ce que je retiens des témoignages, c’est que chacun a fait un chemin vers le Christ parce qu’il a été écouté sans jugement, sans humiliation…, c’est une condition préalable à toute conversion.
  • Nous avons aussi vécu un beau moment de louange et de communion au sanctuaire Notre-Dame-de-France lors de la messe célébrée par notre évêque et par plusieurs prêtres de notre diocèse qui nous accompagnaient.
  • Le témoignage du Sénégal (sur ATD au Sénégal) nous a fait percevoir la dimension internationale du Père.

 

Puis l’après-midi, chaque bus a rejoint un des deux lieux de visite. Et peu avant dix-huit heures, nous avons repris la route du retour, dans la Joie, heureux et rendant grâce avec les vêpres accompagnées d’un gouter prévu avec une grande délicatesse par nos hôtes d’ATD. Merci à eux !

 

Au retour, quelques paroles recueillies

  •  Maintenant que l’on a fait ensemble le pèlerinage, on me reconnait et on me dit bonjour…
  • Il faut sortir des cloisonnements où on n’est pas mélangé. 
  • On faisait pour, maintenant on fait avec, ensemble.
  • Les pauvres sont plus riches que les riches, cela nous éloigne de la tentation d’être en surplomb, en jugement, car cette attitude conduit à la pauvreté spirituelle 
  • On a vécu la parabole des talents à l’envers, Ce qui frappe c’est que le seul talent que les pauvres ont reçu, eux, ils le font fructifier. 
  • Les pauvres étaient au centre du pèlerinage, ils sont l’église et on l’a vécu. C’est important pour nous qui sommes pauvres. Des gens s’en sortent grâce à l’amour des autres.
  • Mon regard (de pauvre) sur les pauvres va changer, il y a ceux qui en profitent mais surtout ceux qui méritent qu’on s’occupe d’eux.
  • Super journée dans la louange, la prière. Le regard du chrétien sur les pauvres, c’est fondamental. Le regard des pauvres c’est un trésor et ils ont à cœur à le partager
  • Je me suis questionné sur moi lors de la journée. Je suis baptisé, cela m’interroge sur ma foi, cela va m’amener à aller à la messe le dimanche.
  • Le pélé ? : l’’accueil à Méry-sur-Oise et Baillet-en-France, ils étaient aux aguets et les échanges dans le groupe. C’est déjà fini , on n’a pas vu le temps passé, on a vécu une démarche spirituelle forte, ensemble, 

 

Propos recueillis par Bruno COEVOET